La planification stratégique et la rigueur dans la gestion des programmes sectoriels contribueraient à réduire les déficits extérieurs

Une planification stratégique, qui intégrerait les programmes sectoriels en cohérence avec le cadre macroéconomique, et une grande rigueur dans la gestion de ces programmes augmenteraient le rendement des investissements et contribueraient à la réduction des déficits extérieurs, a affirmé, mardi à Rabat, le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami.
"La réduction des investissements est de nature à compromettre le développement futur du Maroc, alors qu'une planification stratégique (...) et une plus grande rigueur dans la gestion des programmes sectoriels augmenteraient le rendement de ces investissements et contribueraient à l'amélioration de la compétitivité de notre appareil de production et à la réduction des déficits extérieurs", a précisé M. Lahlimi qui intervenait lors d'une rencontre organisée par le HCP.
M. Lahlimi a fait savoir que la baisse des dépenses d'investissement ou des subventions à la consommation des produits alimentaires, et en particulier des produits énergétiques, aurait, dans l'immédiat, des conséquences sur la compétitivité et les niveaux de vie, relevant la nécessité d'une évaluation sérieuse de ces répercutions.
Et d'ajouter que la baisse de ces subventions pourrait trouver sa justification dans sa contribution à une meilleure réallocation des ressources au profit d'une plus grande compétitivité de l'appareil de production nationale et une contribution significative à l'efficacité énergétique.
Pour sa part, le chef de division de la Modélisation au HCP, Ayach Khellaf, a indiqué que le taux de couverture des investissements par l'épargne nationale, qui représente 107 pc en 2011, ne dépasse pas actuellement 90 pc, relevant que la capacité de l'économie marocaine d'ajuster les équilibres macroéconomiques dépendra de la flexibilité du tissu productif.
"Un ajustement réussi consiste à sacrifier la croissance à court terme, à travers l'adoption d'un train de mesures monétaires et budgétaires restrictives, afin de fléchir la demande intérieure réelle et le jumelage de la dépréciation du taux de change nominale à ces mesures", a estimé M. Khellaf.
M. Lahlimi a, par ailleurs, souligné que "la menace persistante d'une crise d'épuisement des réserves de change ne peut, dès lors, dispenser d'une reconsidération des politiques publiques sur la base d'une réévaluation du modèle de croissance, sous le double angle de la durabilité des acquis et des défis de l'avenir", a-t-il martelé.
A cet égard, M. Lahlimi a relevé que le socle économique, sociétal et institutionnel de développement, que le Royaume a édifié, constitue une base à partir de laquelle il peut "sereinement procéder à cette réévaluation", passant en revue les performances réalisées, notamment un taux de croissance en amélioration significative, des taux de chô mage et de pauvreté en baisse, un pouvoir d'achat en constante progression, une inflation maîtrisée et une relative résilience des activités non agricoles aux effets de la crise économique internationale.
Dans ce contexte, les équilibres macroéconomiques de ce modèle de croissance tiré par la demande intérieure se sont inscrits dans une tendance à la détérioration sous l'effet des rigidités d'ajustement de l'économie face aux chocs internes et externes, a précisé M. Lahlimi.
Il a, à cet effet, noté que la baisse des revenus extérieurs expose le pays à une sous-liquidité "quasi structurelle" du marché monétaire qui réduit les marges de manÂœuvre de la politique monétaire au détriment d'un financement adapté aux besoins réels des différentes catégories des ménages et des entreprises.
Dans le contexte de l'environnement économique actuel, la politique économique mise en Âœuvre jusqu'à présent, continue à revêtir la même pertinence?, s'est-t-il interrogé.
M. Lahlimi a également appelé les opérateurs économiques, sociaux et politiques de débattre la nature des politiques publiques que le Maroc doit opérationnaliser pour rétablir les équilibres macroéconomiques et favoriser une réforme des structures de l'économie nationale.
La première urgence, qui s'invite dans ces interrogations, est la réduction du déficit budgétaire et les alternatives qu'elle implique. L'augmentation des recettes fiscales ou la diminution des dépenses sont alors évaluées au regard de leurs impacts différenciés à court et à moyen termes sur la croissance économique, l'emploi, la consommation des ménages et les finances extérieures, a-t-il ajouté.
Sur le volet fiscal, M. Lahlimi a indiqué que le Maroc se situe parmi les pays de même niveau de développement à avoir une pression fiscale des plus élevées et dispose encore de marge de manœuvre pour inclure dans l'assiette certaines branches de l'agriculture et le secteur informel.
Cette rencontre a été placée sous le thème "la contribution au débat sur une nouvelle politique économique dans le contexte actuel des déséquilibres macroéconomiques au Maroc".