
Des experts marocains et étrangers ont débattu de l'impact des nouvelles technologies sur les pratiques traductionnelles contemporaines à l'occasion de la deuxième édition du colloque international "Traduction et Hospitalité Linguistique: Tradition et Innovation", qui s'est ouverte, mardi 03 Juin à Fès.
Cette rencontre scientifique, organisée par la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines-Dhar El Mehraz en collaboration avec l'Université de Montpellier Paul Valéry et plusieurs institutions internationales, interroge les mutations profondes que connaît le domaine de la traduction face aux avancées de l'intelligence artificielle et des outils numériques.
S'exprimant à cette rencontre, le président de l'Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Mustapha Ijjaali, a mis en avant la cadence des évolutions technologiques rapides, notamment en matière d'intelligence artificielle.
"Cette évolution nous obligent réellement à repenser les pratiques de la traduction, à conjuguer l'héritage des traditions intellectuelles avec les possibilités inédites offertes par l'innovation", a-t-il noté.
Le président de l’USMBA a souligné qu'"il ne s'agit pas simplement de suivre le courant, mais bien de l'accompagner avec discernement, en y injectant la richesse des approches humaines, éthiques et culturelles".
Cette approche reflète, selon lui, la volonté de l'institution de positionner les sciences humaines comme "un axe stratégique" dans le développement universitaire.
Lors de la première journée de ce colloque qui s'est articulé autour de la tension entre tradition et innovation dans l'acte traductionnel, El-Himer Mohamed, membre du comité d'organisation, a rappelé la complexité intrinsèque de la traduction, expliquant que "bien qu'elle contribue indéniablement à rapprocher les peuples et les cultures en abolissant les barrières linguistiques, l'histoire de la traduction est émaillée de controverses et de conflits qui ont parfois été à l'origine de nombreuses conflits".
"C'est dans cette perspective que nous avons convié des étudiants, des experts et des professionnels du domaine pour éclairer ce sujet sous ses angles multiples", a-t-il dit.
De son côté, Mostafa Bouanani, professeur à la Faculté des Lettres de Fès a mis l'accent sur l'émergence d'un "débat intense lié aux évolutions qui touchent les réalités scientifiques" et sur la nécessité d'exploiter "les multiples possibilités offertes par l'intelligence artificielle" pour maintenir la compétitivité de la recherche marocaine dans ce domaine.
"Si nous voulons participer à ce mouvement de transfert mondial et rapide dans le domaine de la traduction, il nous faut impérativement exploiter ces nouvelles technologies", a-t-il affirmé, soulignant l'importance de la contribution du chercheur marocain à ce "mouvement scientifique, culturel et de transfert".
Le concept central d'hospitalité linguistique, tel qu'exploré durant cette édition, examine comment la traduction constitue un "authentique geste d'hospitalité" permettant d'accueillir "ce qui a été pensé et créé dans une langue étrangère" tout en l'intégrant dans sa propre culture linguistique.
Dans une déclaration à la MAP, le doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Dhar El Mahraz, Mohamed Moubtassim, a présenté cette rencontre comme "une occasion propice" pour explorer comment "l'hospitalité de la langue représente une autre facette" de la traduction en tant que moyen de créer "un climat de coexistence, de paix et de compréhension".
Selon les organisateurs, cette deuxième édition bénéficie d'une forte dimension internationale avec la participation d'universitaires européens et américains, ainsi que de doctorants-chercheurs de diverses universités marocaines.
Pour une meilleure connexion interculturelle, les travaux se déroulent en trois langues (arabe, français et anglais) reflétant la volonté d'incarner concrètement les principes d'hospitalité linguistique.
(MAP: 04 Juin 2025)