La 5e édition de la Campagne nationale de prévention contre la cyberviolence et le cyberharcèlement, placée sous le thème "Vers un espace numérique inclusif et plus propice au bien-être pour toutes et tous", a été lancée, jeudi 04 Décembre à Rabat, lors d'une conférence nationale en présence de personnalités de divers horizons.
Cette campagne, qui se poursuit jusqu'au 30 décembre, est une initiative du Centre marocain de recherches polytechniques et d'innovation (CMRPI), en partenariat avec le ministère de la Justice et le Conseil de l'Europe. Elle vise à sensibiliser aux dangers des violences numériques basées sur le genre, à renforcer les capacités des familles, des éducateurs et des professionnels et à promouvoir une culture d'utilisation responsable et sûre de l'espace numérique.
À cette occasion, la cheffe de division en charge de l'Observatoire national de la criminalité au ministère de la Justice, Sofana Benyahia, a mis en avant le rôle du département de la Justice face aux défis croissants liés à l'espace numérique et aux nouvelles formes de criminalité qu'il engendre.
Pour y faire face, le ministère de la Justice modernise le cadre juridique, renforce les mesures de dissuasion, développe les compétences des acteurs du système judiciaire et coordonne les efforts nationaux et internationaux afin d'assurer une protection efficace des enfants, des femmes et des filles dans l'environnement numérique, a-t-elle relevé.
Selon Mme Benyahia, la participation du ministère à cette campagne, qui coïncide avec la campagne internationale des 16 jours d'activisme pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles, témoigne de son engagement indéfectible à établir les fondements d'un système de justice numérique sûr.
Elle illustre également le soutien de ce département aux initiatives visant à protéger les citoyens, en particulier les enfants, les femmes et les filles, contre les risques croissants liés à une utilisation dangereuse de l'espace numérique et les difficultés juridiques, psychologiques et sociales qui en découlent.
Pour consolider ces acquis, la responsable a plaidé pour le développement du cadre juridique national et le renforcement de l'approche préventive afin de suivre l'évolution rapide des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle et garantir ainsi une protection effective des droits humains à l'ère numérique.
En matière de suivi et d'analyse, Mme Benyahia a expliqué que l'Observatoire national de la criminalité, rattaché au ministère de la Justice, joue un rôle essentiel dans la production de données et d'études scientifiques. À cet égard, elle a souligné que l'Observatoire mène actuellement une étude approfondie sur les risques de criminalité liés au métavers et aux jeux électroniques pour les mineurs, dont les résultats seront présentés prochainement.
Pour sa part, la cheffe du Bureau du Conseil de l'Europe au Maroc, Carmen Morte Gomez, a fait savoir, dans une allocution en son nom, que les jeunes femmes et les filles sont particulièrement touchées par ce phénomène qui impacte leurs parcours scolaires, leurs relations sociales et leurs perspectives de carrière.
Et de noter qu'au-delà des aspects juridiques et techniques, il est essentiel de reconnaître le profond impact psychologique des violences numériques, qui se manifeste principalement par des sentiments d'anxiété, une perte de confiance en soi, un stress chronique et des troubles dépressifs.
Selon la responsable européenne, le renforcement des mécanismes d'écoute, la mise en place d'un soutien psychologique adapté et la formation des professionnels au diagnostic de ces souffrances sont des étapes essentielles pour permettre aux victimes de se reconstruire.
De son côté, le président du CMRPI, Youssef Bentaleb, a dit que cette 5e campagne est axée sur le bien-être numérique et la santé mentale, tout en visant le renforcement des capacités des professionnels et des acteurs en la matière.
A cette fin, il a annoncé l'organisation de sessions de formation régionales destinées aux personnels des structures d'accompagnement des femmes et des enfants victimes de violence, ainsi qu'aux organisations de la société civile et aux centres d'écoute.
Aussi, M. Bentaleb a annoncé le lancement par le Centre du premier Chatbot d'assistance et de conseils techniques, juridiques et psychologiques qui fournira des informations fiables, des conseils pratiques et une première prise en charge rapide.
À l'occasion du lancement de cette campagne nationale, soutenue par l'Ambassade de Suisse au Maroc, une convention de partenariat a été signée entre le CMRPI, l'Union d'Action Féministe - section Tanger- et l'organisation AIDA, avec le soutien de l'Agence Catalane de Coopération au Développement (ACCD) en Espagne, en vue de créer une synergie, bénéficier de l’expertise des parties et renforcer les capacités des acteurs pour mieux assister les victimes.
La 5e édition de la Campagne nationale de prévention contre la cyberviolence et le cyberharcèlement constitue une étape essentielle dans la construction d’un environnement numérique sûr, inclusif et protecteur au Maroc. En mettant au centre des préoccupations la santé mentale et le bien-être numérique, cette édition ambitionne de renforcer la résilience des citoyens et de soutenir les efforts nationaux de prévention, de protection et d’accompagnement des victimes de violence numérique.
(MAP: 04 Décembre 2025)
