La chambre des Conseillers rejette à l'unanimité la proposition d'élargir la mission de la MINURSO

Les groupes de la majorité et de l'opposition au sein de la Chambre des Conseillers ont rejeté mardi à l'unanimité la proposition d'élargir la mission de la MINURSO pour englober la surveillance des droits de l'Homme, un projet qui touche à la souveraineté du Maroc et constitue une dérive dangereuse du processus de règlement du conflit artificiel au Sahara marocain, parrainé par les Nations Unies et qui exige un esprit de consensus et non une logique de diktats et d'initiatives unilatérales.
A l'instar des positions des directions des partis politiques et des instances de la société civile, qui ont unanimement condamné cette initiative, les groupes parlementaires ont exprimé leur "colère et préoccupation" quant aux effets potentiels d'une telle démarche sur le processus de négociation en cours, avec un impact négatif sur l'esprit de consensus qui devrait marquer la recherche d'un règlement politique juste à ce conflit artificiel, sur la base de la proposition d'autonomie pour les provinces Sud dans le cadre de la souveraineté marocaine.
Les formations de la majorité et de l'opposition ont appelé à nouveau les membres du Conseil de sécurité et toutes les forces qui défendent la cause de la paix dans le monde à examiner avec lucidité le contexte des négociations entamées depuis cinq ans et de faire la distinction entre la partie qui œuvre positivement à la recherche d'un règlement juste et permanent à ce conflit et celle qui excelle dans les manœuvres dilatoires dont le seul but et de faire échouer les négociations et perdurer le conflit pour des raisons que nul n'ignore aujourd'hui.
Dans ce contexte, le groupe Istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme, qui fait partie de la majorité gouvernementale, a estimé que l'initiative d'élargir la mission de la MINURSO "ne peut absolument pas être considérée comme un mécanisme onusien banal ( ) mais un projet qui renferme en son sein un caractère extrêmement dangereux qui touche en profondeur à la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud".
Selon le même groupe, "ce genre d'initiatives unilatérales prises sans concertation préalable, que ce soit sur le plan du contenu, du contexte et de la manière, demeure incompréhensible et suscite l'étonnement", d'autant que la communauté internationale et de nombreux partenaires internationaux reconnaissent les efforts déployés par le Royaume en matière de défense des droits de l'Homme et de renforcement de l'indépendance des mécanismes nationaux dans ce domaine.
Le groupe Istiqlalien a condamné "cette campagne enragée et déchaînée et les complots ourdis par l'Algérie et ses complices, les mercenaires (du Polisario), dont des preuves ont établi l'implication dans des affaires de terrorisme, ce qui requiert de notre part aujourd'hui une plus grande mobilisation pour protéger notre parcours démocratique et le prémunir contre tout glissement".
Sur le même ton, le groupe Socialiste, un composant majeur de l'opposition, a souligné qu'"en dépit de la délicatesse dont a fait montre le Maroc à l'égard de l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Christopher Ross, et des efforts consentis par le Royaume en matière d'instauration de l'Etat de droit, de renforcement du rôle des institutions constitutionnelles et de protection des droits de l'Homme sur l'ensemble du territoire national, cette initiative d'élargir la mission de la MINURSO représente une atteinte à la souveraineté nationale sur le territoire marocain, dont les provinces du Sud sont partie intégrante".
Le groupe a "rejeté fermement la tentative de dénaturer la mission de la MINURSO, fixée par les Nations Unies depuis le cessez-le-feu en 1991 et cette décision inopinée et unilatérale qui épouse mot à mot les propositions de l'Algérie et du Polisario qui appellent à soumettre la situation des droits de l'Homme à surveillance de la MINURSO".
"Il n'existe aucune raison juridique ou réaliste pour charger la MINURSO de contrôler les droits de l'Homme, au moment où le Maroc a fourni de grands efforts en matière de respect de ses droits et des libertés individuelles et collectives, et ce à travers son adhésion au système mondial et sa ratification de nombreuses conventions internationales dans de nombreux domaines", a affirmé le groupe Socialiste.
De son côté le groupe Constitutionnel, une des formations de l'opposition également, a indiqué, que "l'instrumentalisation de la question des droits de l'Homme par les autres parties à ce conflit ne date pas d'aujourd'hui" et que "l'objectif est une tentative de faire dévier le processus de négociation, auquel le Maroc a adhéré de façon efficace et responsable". Cette démarche, relève le même groupe, vise à bloquer "la recherche d'une solution politique et objective à ce conflit dont le caractère dangereux ne cesse de s'accroître, après les derniers développements dans la région du Sahel".
"Les avancées du Maroc dans le domaine des droits de l'Homme, et qui ont touché l'ensemble du territoire national sans aucune exception ou exclusion, sont aujourd'hui applaudies par la communauté internationale et par de nombreux partenaires internationaux du Royaume", a fait valoir le groupe Constitutionnel, qui s'est interrogé sur les mobiles et les véritables raisons de ce "nouveau complot" qui ramène le conflit à la case départ.
Le conflit du Sahara dit occidental , rappelle-t-on, est un conflit artificiel imposé au Maroc par l'Algérie. Le Polisario, un mouvement séparatiste soutenu par le pouvoir algérien, revendique la création d'un Etat factice au Maghreb. Cette situation bloque tous les efforts de la communauté internationale pour une solution du conflit basée sur une autonomie avancée dans un cadre souverain marocain et une intégration économique et sécuritaire régionale.