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Vendredi 14 Février 2020

La stratégie relative au développement du secteur des eaux et forêts se base sur un modèle de gestion intégré, durable et générateur de richesse

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La stratégie relative au développement du secteur des eaux et forêts se base sur un modèle de gestion intégré, durable et générateur de richesse

La nouvelle stratégie du développement du secteur des eaux et forêts du nom de “Forêts du Maroc” se base sur un modèle de gestion intégré, durable et générateur de richesse, pour une conciliation de tous les Marocains avec l’espace forestier de leur pays, a indiqué, jeudi à la province de Chtouka Ait Baha, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, M. Aziz Akhannouch.

Les espaces forestiers, dont la superficie est estimée à 9 millions de hectares, se trouvent dans un état délabré, à cause de la détérioration de 17.000 ha de terres de forêts chaque année, la capacité limitée de production des bois de forêts destinées à la protection intensive d’environ 20% à 30%, la faiblesse de la valorisation des forêts de chêne-liège, le sur-prélèvement en bois de feu et la surexploitation des zones de pâturage, a précisé M. Akhannouch dans une allocution devant sa Majesté le Roi Mohammed VI, à l’occasion de la cérémonie de lancement des deux nouvelles stratégies “Génération Green 2020-2030” et “Forêts du Maroc”.

Face à ces difficultés, la forêt marocaine relève le défi d’une nouvelle ère pour renforcer la compétitivité du secteur et assurer sa modernisation, a-t-il ajouté.

Cette nouvelle stratégie, qui s’inscrit dans le moyen et le long terme du développement durable et qui bénéficie d’un intérêt particulier de SM le Roi vu que la promotion de la richesse forestière nationale intéresse toutes les couches sociales et générations, repose sur cinq orientations, à savoir faire des forêts un espace de développement, assurer une gestion durable des ressources forestières, adopter une approche participative associant les usagers, renforcer les capacités de production des forêts et préserver la biodiversité, a-t-il fait savoir.

Cette nouvelle stratégie ambitionne, à travers ces orientations, à augmenter le taux de réussite des opérations de boisement, impliquer activement la population et à une meilleure gestion au niveau local, a-t-il poursuivi.

Il est prévu de rattraper, à l’horizon 2030, 30 ans de détérioration du couvert forestier, à travers le repeuplement de 133.000 ha de forêts, en commençant par le reboisement de 50.000 ha chaque année en vue d’atteindre l’objectif de 100.000 ha reboisés chaque année à la fin de la stratégie, a dit le ministre.

La stratégie vise aussi la création de 27.500 postes d’emplois directs supplémentaires, outre l’amélioration des revenus des filières de production et de l’éco-tourisme pour atteindre une valeur marchande annuelle de 5 milliards de dirhams (MMDH), a-t-il enchaîné.

Pour ce faire, la nouvelle stratégie s’articulera autour de quatre principaux axes, à savoir la création d’un nouveau modèle basé sur une approche participative associant les populations à la gestion, la gestion et le développement des espaces forestiers selon leurs richesses, la promotion et la modernisation des métiers forestiers via leur digitalisation et la réforme institutionnelle du secteur.

Des programmes de travail ont été définis pour chaque axe stratégique, en vue d’atteindre les objectifs escomptés, a relevé le ministre, notant que le premier axe relatif à la création d’un nouveau modèle basé sur une approche participative repose sur des programmes de création de plus de 200 organisations locales pour le développement des forêts, la création d’un nouveau réseau d’animation territoriale qui comprend plus de 50 animateurs, l’accord avec la population autour des centres participatifs dédiés à la protection des zones reboisées.

Dans le cadre du deuxième axe relatif à la la gestion et au développement des espaces forestiers selon leurs richesses, quatre programmes ont été actualisés dont celui de l’encouragement de l’investissement privé sur une superficie de 120.000 ha, l’aménagement et la valorisation du réseau des dix parcs nationaux, la protection et le développement des cours d’eau, des sources d’eau et des lacs, en parallèle avec l’entretien des richesses végétale et animale, a-t-il fait valoir, affirmant que la lutte contre la désertification demeurera une mission principale.

Le troisième axe, quant à lui, porte sur la promotion et la modernisation des métiers forestiers à travers la création de pépinières forestières modernes en partenariat avec le secteur privé et l’introduction de l’outil numérique dans la gestion du secteur et de ses métiers.

Le quatrième axe relatif à la réforme institutionnelle du secteur intéresse les programmes de restructuration institutionnelle, à travers la création de deux agences et la qualification des ressources humaines selon les spécificités des métiers, ainsi que la mise en place d’un pôle de formation et de recherche.

Le premier axe relatif à l’approche participative consiste à ce que les usagers des forêts recourent à des organisations locales autour des intérêts communs, à ce que les animateurs territoriaux jouent le rôle de médiateur entre les parties et au recensement des usagers des forêts.

Il s’agit aussi de veiller à ce que la population bénéficiaire se fie aux techniques mises en place, créer les organisations locales pour le développement des forêts afin de coordonner les activités avec les usagers dans le cadre d’un programme intégré et complémentaire, veiller à ce que le Comité communal des forêts se charge des affaires forestières en coordination avec tous les acteurs locaux, renforcer la crédibilité du Conseil provincial des forêts via la consécration de la gouvernance au niveau local, ainsi que mettre en place une instance régionale dédiée aux forêts en tant que nouvel espace de dialogue, a-t-il précisé.

Le Conseil national des forêts jouera, au niveau national, son rôle entier en matière d’orientation stratégique, en s’assurant que, dans la plupart des forêts, les usagers et les ayant-droit sont encouragés à former des organisations socio-économiques et des coopératives pour qu’ils prennent part dans la gestion de la zone forestière.

En ce qui concerne les forêts habilitées à la production intensive, M. Akhannouch a indiqué qu’un modèle gagnant-gagnant sera établi sur une superficie de 120.000 ha, avec l’implication du secteur privé, soulignant que cet axe vise l’aménagement et la valorisation des dix parcs nationaux et ce, en vue d’assurer un développement économique et social en plein respect du patrimoine naturel, culturel et territorial.

Afin de garantir la réussite de l’aménagement de ces parcs, l’opération portera sur deux zones principales : le cœur du parc, qui doit être protégé, et les environs dont les structures d’accueil et les activités touristiques et ludiques, a-t-il insisté.

Le troisième axe concerne le développement et la modernisation des métiers forestiers. Le Maroc doit se doter d’une pépinière forestière publique à caractéristiques modernes, qui garantit la protection de la spécificité génétique des forêts nationales et permet au secteur privé de produire les arbres à planter dans les forêts, a-t-il souligné.

L’axe de la réforme institutionnelle du secteur fait partie des principaux piliers pour réussir cette nouvelle stratégie, a-t-il affirmé, notant qu’il sera décliné en la création d’une Agence des eaux et forêts, qui sera chargée de la gestion souveraine de la propriété forestière, et d’une Agence de conservation de la nature, chargée de la gestion des parcs nationaux.
MAP 13/02/2020